Mathéo Roesch au concours de plaidoiries
« Kivu, la guerre oubliée ».
« Kivu, la guerre oubliée ».
C’est ainsi que le journal La Vie titrait, en 2012, un long dossier consacré à cette ex-province du Congo où des millions de personnes ont trouvé la mort. Où le viol est utilisé comme arme de guerre. Dans une quasi-indifférence générale.
À son échelle, Mathéo Roesch, élève en terminale au lycée Pierre-et-Marie Curie, entend bien sortir ce conflit de l’oubli – dans le cadre du 23e concours de plaidoiries, organisé par le Mémorial de Caen, ouvert à tous les lycéens souhaitant défendre un cas de violation des droits de l’Homme.
Car le jeune Mentonnais fait partie des dix candidats retenus – sur vidéo – pour la finale régionale du concours, qui se tient aujourd’hui, à 14 heures, à Marseille.
Engagé dans l’association Amnesty International et la fondation Panzi – qui lutte contre le viol de guerre en République démocratique du Congo – Mathéo Roesch a choisi ce thème par conviction. « Trop souvent, les femmes victimes de viol n’osent pas raconter leur histoire. On les pousse à se taire, et celles qui parlent sont marginalisées. Alors je ne suis pas là pour raconter leur histoire à leur place, mais pour relayer », résume le lycéen, dont la mère est née à Kinshasa.
« Je suis régulièrement les informations, mais j’étais incapable de lire les témoignages concernant le Kivu. Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancé. J’ai été horrifié », lâche-t-il. Précisant avoir ensuite vu deux films sur le sujet : L’Homme qui répare les femmes et La Cité de la joie – plus optimiste. Le témoignage qu’il convoquera dans sa plaidoirie en est d’ailleurs tiré.
Comment se prépare-t-on à un tel exercice ? « Cela représente beaucoup de travail, de ratures, de naufrages, répond Mathéo. Au départ, j’écrivais juste quelques phrases – parfois même en cours, discrètement. » Mais il a souvent fallu les retravailler, assure-t-il. Une belle formule à l’écrit n’ayant pas toujours d’impact rhétorique. « Une fois terminé, j’ai présenté mon texte à ma prof de français. Elle ne m’a pas dit quoi faire, mais où il y avait un problème, de manière à ce que je le corrige moi-même », explique-t-il, précisant avoir aussi été aidé par son enseignante en anglais.
Dans la construction de son discours, Mathéo a fait un choix fort. Celui de commencer en parlant de lui ; comment il était incapable d’écouter ces témoignages. « Je veux évoquer le poids des tabous. Si on en parlait plus facilement, peut-être que le drame serait en partie réglé… »
Pour le lycéen, qui a déjà participé à un concours d’éloquence en 3e, et qui fait du théâtre, ce concours ne représente pas une fin en soi. S’il ne peut accéder à la grande finale, prévue le 24 janvier à Caen, son combat, lui, continuera. Avec son lycée et la Ville de Menton, Mathéo a déjà prévu d’organiser, sous peu, une vente caritative au profit des femmes violées en RDC. « Le concours s’inscrit avant tout dans ma démarche associative. C’était logique et naturel. »
(source texte et image Nice-Matin).